Le volcan Rinjani est le deuxième volcan le plus élevé d’Indonésie. Il domine le tiers nord de l’île de Lombok, culmine à 3726 mètres d’altitude et est toujours actif ! Les hindous et les Sasak (le groupe ethnique le plus important de Lombok) tiennent le Rinjani pour sacré : ils viennent en pèlerinage jusqu’à son lac de cratère pour faire des offrandes aux dieux et aux esprits. Pour les Balinais, le Rinjani fait partie des montagnes sacrées avec le mont Agung de Bali et le Bromo de Java.
Alors bien sûr, nous ne sommes pas là (que) pour la spiritualité du lieu mais bien parce que nous avons pris goût à la grimpette de volcan depuis le Villarica à Pucón. Depuis notre arrivée en Indonésie, nous avons continué sur cette lancée : Bromo, Kawah Ijen… alors impossible de passer à côté du volcan Rinjani. Le volcan se présente sous la forme d’un cratère de 8,5 km de longueur dans lequel on trouve le lac Segara Anak. Le rebord oriental de la caldeira constitue le sommet du volcan.
Le très récent tremblement de terre de 2018 a sérieusement endommagé ses abords. A notre passage en juillet 2019, il n’était pas possible de monter jusqu’au sommet – trek qui se fait généralement en 4 jours. Mais des randonnées du côté accessible du cratère se font sur 2 jours/1 nuit au départ de Senaru (600 m d’altitude) et 3 jours/ 2 nuits au départ de Sembalun (1200m d’altitude).
Quel point de départ pour le trek du Rinjani ?
Deux point de départ sont possible : Sembalun Lawang, à l’est du volcan ou Senaru, au nord. Nous avons privilégié Senaru pour plusieurs raisons : nous avons trouvé beaucoup plus d’informations sur ce point de départ et il y a des cascades à visiter à pied depuis le village. Le plus simple est de passer la nuit qui précède le début du périple dans un des nombreux hôtels de ces deux villages et de planifier son trek auprès d’une agence locale. Le sentier n’est ouvert qu’en saison sèche d’avril à octobre.
Comment se rendre à Senaru ?
Plusieurs options :
- Réserver le trek avec une agence et convenir d’inclure le pick-up depuis n’importe quel endroit de Lombok. Elles le font toutes et le pick-up est souvent inclus dans le prix. L’inconvénient, c’est qu’ils te cherchent à 3h du matin pour commencer l’ascension à 6h et il faut compter 2000m D+.
- Prendre les transports en commun. Il faut avoir la foi et du temps. Pas de trajet direct depuis les principales villes touristiques de l’île.
- Prendre un chauffeur privé. Comme nous étions avec Léa et Nico, nos amis suisses, nous avons réservé un Grab à 4 (le Uber local). Bon pour le coup, cela ne nous est vraiment pas revenu cher mais on a prié pour notre vie ! (voir le paragraphe « Une arrivée épique » ci-dessous)
Une arrivée épique !

Il faut dire qu’on était très fiers de notre astuce pour diviser les coûts de transport jusqu’à Senaru. Comme on part au Rinjani avec Léa et Nico, des amis suisses rencontrés à Banyuwangi, on prend un grab pour 4. Le confort d’un chauffeur privé pour un trajet de 2h à un coût dérisoire (200k idr à 2 soit 12€). Ouais. Ça c’était avant qu’il démarre. Pendant le trajet, on s’est rendu compte que ce chauffeur-là n’avait jamais roulé en dehors de la ville de Mataram -presque toujours saturée. Résultat : il zigzagait en ligne droite à 80 km/h, ne maitrisait pas les distances de sécurité, frôlait les piétons et prenait les virages à 10 km/h. Oui, plus d’une fois, on a voulu lui dire « stop, on sort ». Mais on n’aurait eu d’autre choix que de faire demi-tour et Nico passait un entretien d’embauche sur Skype l’aprem-même (qu’il a d’ailleurs réussi 😊). Finalement après 2h de route, on arrive presque à notre but – la homestay Anak Rinjani. Mais ne JAMAIS DIRE OUF avant l’arrêt final ! Notre chauffeur inexpérimenté était tellement préoccupé à trouver le nom de notre homestay, qu’il en a oublié de regarder la route et BOUM ! La voiture stoppe net. Malgré la faible vitesse (environ 15 km/h) et malgré nos ceintures de sécurité, on glisse tous dans nos sièges ! Un petit check mutuel, nous n’avons rien. On n’y croit pas. Il a réussi à tanquer l’avant gauche de la voiture sur un plot en béton. Pneu creuvé, triangle de direction foutu… lui qui était si content de sa virée sur l’île, il n’a pas gagné sa semaine. Après avoir déplacé la voiture avec l’aide des habitants et voyant qu’on ne pouvait plus rien faire, on lui a quand même laissé le montant convenu de la course et on a fini les 700 derniers mètres à pied ! Mais quel bonheur de marcher !!! On ne s’en rend pas assez compte quand on peut le faire !
L’ascension seul, c’est possible ?
NON ! Il est interdit de gravir la montagne seul pour des raisons évidentes de sécurité. Le volcan est actif, l’île se trouve dans une zone sismique. Même avec guide, des accidents peuvent arriver. Nous avons pourtant vu quelques personnes partir en solo en aller/retour sur la même journée. Mais avec quelques 2000m de dénivelé, il faut quand même avoir une sacrée forme !
Quelle agence choisir ?
Léa et Nico avaient entendu parler de Senaru Trekking et par chance, elle se trouvait sur notre trajet vers la homestay. Comme ils nous ont paru sérieux, nous n’avons pas comparé sur place avec d’autres agences.
Tarif pour 2 jours/1 nuit de trek : 1 400 000 idr incluant le guide, les porteurs, l’équipement camping, la nourriture, l’entrée dans le parc national et le transfert vers la ville de notre choix après le trek. Je précise que nous sommes 6 dans le groupe. Moins on est, plus le tarif individuel grimpe.
Le + écolo de Senaru Trekking : si on redescend avec un sac plastique plein de déchets, l’agence nous rembourse 5% du montant total.
Attention ! Il faut être bien équipé, le sentier est ardu et le delta de température est important.
Les cascades de Senaru
Senaru s’étire le long d’une crête pentue d’où on voit le Rinjani au sud et la mer au nord. Les balades et les cascades facilement accessibles à pied depuis le village sont très agréables. On laisse donc Nico passer son entretien et on part explorer les environs.
Il y a un poste d’entrée payant pour accéder aux cascades (10 000 idr) puis on marche 10 minutes sur un sentier entre collines et forêt luxuriante avant d’arriver à Air Terjun Sindang Gila, une série de jolies cascades. Certains n’hésitent pas à prendre une douche vivifiante sous la cascade qui jaillit de la pierre noire volcanique 40m au-dessus – la chair de poule est au rendez-vous mais les réseaux sociaux apportent du courage à bien des gens…

Plus loin à 50 minutes de marche, on accède à Air Terjun Tiu Kelep. Le sentier (à priori payant, mais il n’y avait personne à notre passage) est escarpé suite aux séismes de 2018 mais malgré tout on arrive sans trop de difficulté au bout pour admirer cette superbe cascade. On croise quelques singes sur le chemin.
Une bien belle balade au milieu d’une végétation dense et tropicale.

L’ascension du Gunung Rinjani en 2 jours
Trek du Rinjani, jour 1 : de 600 à 2600m, une nuit au bord du cratère
Nous nous levons de bonne heure et profitons d’un banana pancake accompagné d’un café/thé à notre homestay. Puis à 7h30, on grimpe dans la remorque du pick-up de l’agence qui nous amène au point de départ du sentier. Après 15 minutes de marche, nous arrivons au Trek Center où nous devons nous enregistrer. C’est le Senaru Pos I, point de départ officiel du trek à 601m d’altitude. La rando sera jalonnée de plusieurs points de position où nous ferons des pauses. L’ascension commence d’abord à travers une forêt tropicale dense. La montée est assez raide. 6h de marche sont prévues sans les pauses alors on ne va pas commencer à réfléchir. Dans ces cas pour moi, le mental joue beaucoup. Ma cheville tient le coup, mes muscles ne font pas mal, je me contente de mettre un pas devant l’autre et de ne pas me prendre les pieds dans les racines. Après 2h30, nous atteignons le Pos II à 1500m où nous prenons une première pause de 20 minutes. Le guide nous indique que nous déjeunerons à Pos III 500m et 1h30 de marche plus haut.
La grimpette est très ardue, j’avance lentement mais surement et j’assure mes pas. A notre arrivée, les porteurs (qui sont aussi cuistots) ont déjà mis en place notre tapis de sol et des fauteuils dépliants. Et dire qu’ils portent ça pour 6 personnes avec le matériel de camping. Chacun porte entre 30 et 40 kg, c’est dingue ! La plupart est en tongs alors que nous on galère déjà pas mal en chaussures de marche. Le repas est bon et copieux !


Vers 14h30, nous repartons pour les 2 dernières heures de marche. Petit à petit le paysage change. Les arbres disparaissent et laissent place aux hautes herbes puis aux rochers. Sur le chemin, nous ferons une autre pause à l’ombre d’une maisonnette où de nombreuses familles de singe vivent. On passe un bon moment à les observer, ils n’ont pas l’air très farouches. Les derniers mètres sont très durs, nous marchons sur des tas de cailloux et le vent s’est levé ! Nous revêtons nos habits chauds. Malheureusement, nos porteurs qui avaient réservé le meilleur emplacement pour notre tente se sont vus obliger de monter jusqu’au bord du cratère à la demande des deux autres membres de notre groupe. Résultat : nos tentes sont plantées sur la crête du cratère dans un couloir de vent. Certains français croisés en chemin nous ont dit qu’ils n’ont pas réussi à dormir la veille tellement il y avait de vent au sommet… eh ben ! Au moins, on sera aux premières loges pour le lever de soleil sur le Rinjani le lendemain matin !

A 2641m, même en plein vent, nous profitons quand même de la plus belle vue ! On admire ce cratère immense dans lequel se trouve ce lac d’un bleu turquoise magnifique. D’un côté nous voyons le volcan Rinjani et son sommet, de l’autre nous observons la mer et apercevons même les îles Gili, au nord-ouest de Lombok. La vue est absolument splendide. Quelle chance d’être ici.





Trek du Rinjani, jour 2 : lever de soleil et retour à Senaru
Après une nuit en tente finalement plutôt confortable, nous sommes les mieux placés pour admirer le lever du soleil le lendemain. La lumière douce du matin se diffuse petit à petit et fait varier les couleurs de la nature qui nous entoure. J’adore tellement ces moments où on se sent vivre pleinement et être en accord avec l’environnement qui nous entoure.

Après avoir immortalisé le paysage en photo, nous avalons un petit-déjeuner composé de banana pancakes (pour changer!) et de thé au gingembre avant d’entamer la descente vers le village de Senaru. Les tas de cailloux du haut du volcan sont compliqués à gérer pour moi en descente. Je reste très prudente pour ne pas me blesser, ce serait dommage, maintenant que je peux de nouveau randonner sans douleur.

La vue est dégagée et la descente nous offre une vue sur la mer. Quel beau cadre ! Petit à petit, nous retrouvons les arbres, la végétation se densifie et nous descendons à travers la forêt. On ne fait des pauses que très rarement mais nous n’en ressentons pas le besoin. Nous avons retrouvé une belle forme physique ! La pente est par moment très raide. On descend même quelques escaliers naturels et on se rend compte de tout ce qu’on a grimpé la veille non sans une petite pointe de fierté.

D’ailleurs, nous nous mettons régulièrement de côté pour laisser la priorité aux grimpeurs sur les parties qui ne laissent passer qu’une personne à la fois. Lors d’un de ces arrêts, nous apercevons en montant un homme qui, dans son grand sac de randonnée, transporte un autre homme. Oui, un homme sans bras, ni jambe se trouve dans un sac. Cette leçon de courage nous laisse bouche bée et comme toujours, nous fait relativiser. Ok, moi avec ma cheville qui se bloque de temps en temps, je n’ai pas le droit de me plaindre, au moins je peux marcher, bouger… si j’ai mal, c’est que tout va bien au final !

Nous continuons la descente ponctuée de rares pauses dont le déjeuner où nous en profitons pour remplir un sac plein de déchets. Malheureusement, il n’y a pas besoin de chercher loin car l’endroit est un dépotoir. Comme les locaux paient une taxe pour que l’armée vienne ramasser les déchets tous les mois, les guides n’ont aucun scrupule à tout laisser sur place. Désolant.
Nous arrivons ensuite au village de Senaru où le patron nous rend en cash 5% du montant de l’excursion. C’était le deal écolo de l’agence. Notre chauffeur nous conduit directement à l’embarcadère des îles Gili. Après l’effort, le réconfort. A nous la semaine paradisiaque ! ;p
Bilan : nous avons beaucoup aimé ce trek sur le volcan Rinjani. Outre les paysages, nous avons aimé le défi sportif de faire 4000 mètres de dénivelé en 2 jours seulement. Nous recommandons Senaru Trekking. En revanche, il faut avoir à l’esprit que dans ce type de situation, les guides ne sont pas naturalistes et pas très diserts de manière générale. Le niveau d’anglais est juste limite pour avoir une conversation mais si on s’intéresse à eux et qu’on leur pose des questions sur la culture locale, ils ont plaisir à y répondre.
Infos utiles
Où dormir à Senaru ?
Anak Rinjani Guest House: homestay simple et très propre avec petit-dej compris. Bien placé dans le village, on peut aller à pied jusqu’aux cascades.
Où manger à Senaru ?
Cafe Rifka : restaurant végétarien se trouvant quasiment en face de la guest house. Rien d’innovant, on y trouve des classiques indonésiens mais ils sont bien préparés. Ils font aussi petit-déjeuner si besoin.
2 réflexions sur “L’ascension du Gunung Rinjani à Lombok”