Ascension du Kawah Ijen, un volcan entre merveille et enfer

Comme annoncé dans l’article précédent sur le mont Bromo, l’est de Java regorge de magnifiques volcans. Mais le Kawah Ijen est différent. S’il possède un paysage unique, il est aussi le théâtre de scènes vues nulle part ailleurs : les mineurs remontant à bout de bras des dizaines de kilos de soufre. Ce détail nous a d’ailleurs fait hésiter à nous y rendre car nous voulons éviter, de manière générale, les visites qui s’apparentent à des zoos humains. Comme toujours, il y a du pour et du contre. Et cette fois, la balance a penché côté « pour ». Voici notre récit.

Comment se rendre au Kawah Ijen ?

Le volcan Kawah Ijen culmine à plus de 2 148 m d’altitude dans l’est de Java. Contrairement au Bromo, il n’y a pas de logement à proximité immédiate. Nous nous logeons à Banyuwangi et il faut dire que les hôtes de notre homestay étaient de vrais amours. (Un de nos logements coup de cœur indonésiens, j’y reviens en bas de cet article 😊) Nous avons donc décidé de prendre le tour qu’ils organisaient avec une agence partenaire. Le prix nous a semblé raisonnable : 275 000 idr/pers soit 17€, comprenant le transport en 4×4 de 6 personnes et le guide.

Le réveil le plus matinal (tardif ?) de notre vie

La petite particularité de cette rando, c’est l’heure de départ. En effet, le rendez-vous est donné à minuit dans l’entrée de notre homestay. Nous mettons le réveil à 23h40 tapantes après tout de même 3 heures de sommeil. Nous arrivons vers 1h30 du matin au parking au pied du Kawah Ijen. Là se trouvent des dizaines d’autres 4×4, des touristes à craquer, des étals de vêtements chauds, parce que oui, il fait entre 0° et 5°C… D’ailleurs, Flavien (occupé à essayer de joindre sa filleule pour son anniversaire) a totalement oublié sa coupe-vent doublée et il se pèle bien en sous-pull/polaire. Bien sûr, on nous fait attendre de très longues minutes avant d’entamer la marche. Cela permet de faire vivre les petites baraques qui vendent thé ou café bouillant à tout juste 5000 idr (=0,30€). Forcément, on ne s’est pas privés. Ca a permis à Flavien de se réchauffer de l’intérieur, à défaut d’un réchauffement extérieur…

L’ascension du Kawah Ijen sous les étoiles

Nous commençons la randonnée vers 2h30 du matin à la frontale dans la nuit noire. Très vite, Flavien ne ressent plus le manque de coupe-vent. On nous avait dit que le volcan était bien moins fréquenté que le Bromo, mais que nenni ! Le sentier est une vraie autoroute où se côtoient touristes et mineurs qui remontent avec leurs brouettes vides. Certains proposent même leurs services pour monter les personnes en difficulté… À part un gros pépin de santé, je ne peux pas me résoudre à penser qu’on paie ces hommes qui vont nous pousser à bout de bras alors qu’ils vont porter plus de 80 kg de soufre sur leurs épaules plus tard dans la journée… Mais d’un autre côté, cela leur fait des revenus supplémentaires… De vrais surhommes !

Il faut compter environ 1h10 d’ascension jusqu’à la crête du cratère, en pente bien raide avec un dénivelé positif de 500 mètres puis encore 20 minutes à descendre jusqu’au bord du lac. On perd le guide à plusieurs reprises, mais ce n’est pas bien grave, il n’y a qu’un seul chemin jusqu’au sommet.

Les flammes bleues de soufre, un paysage unique au monde

Précisons tout de même que le Kawah Ijen est un volcan explosif actif ! Mais pas de panique, la dernière éruption majeure remonte à 1936 et l’institut de volcanologie indonésien n’hésite pas à fermer l’accès aux volcans au moindre doute. (C’est d’ailleurs pour cela que nous n’avons pas fait le volcan Merapi à Java et que nous ne ferons pas non plus l’ascension du mont Agung à Bali). Le Kawah Ijen renferme un somptueux lac de soufre turquoise enserré par les parois abruptes du cratère. Au bord du lac, des émanations sulfureuses s’échappent de la cheminée du volcan sous forme de gaz. Sa grande particularité ? Invisible à l’œil nu de jour, il peut s’observer sous forme de flammes bleues la nuit. Eh oui, il fallait une bonne raison pour nous sortir du lit à cette heure-là !

flammes bleues kawah ijen

flammes bleues kawah ijen

Les émanations de soufre en font le lac le plus acide du monde avec un pH se situant autour de 0,2. Autant dire qu’on a pas envie d’y faire un plouf.

Nous poursuivons ensuite dans le vif du sujet. Les abords du cratères sont des tas de cailloux et le sentier s’apparente parfois à de l’escalade. Le rythme est lent car devant nous, des dizaines d’autres groupes prennent le même chemin. Tout le monde se pousse quand les guides crient « MINOOOORS » et on laisse passer ces hommes tout en muscle chaussés de claquettes. L’un d’entre eux prend une pause pendant sa montée, on a l’occasion d’échanger quelques mots avec lui. Il reste souriant et positif, malgré son quotidien passé dans les entrailles de l’enfer ! Incroyable !

Les ramasseurs de soufre de l’Ijen

Comme précisé plus haut, le volcan produit des quantités de minerai de soufre. Quelques mineurs grimpent les parois du volcan et descendent jusqu’au fond du cratère pour extraire des blocs de soufre solidifié. Le travail est exténuant. Ils commencent à 3h du matin, remontent entre 60 et 100 kilos sur leurs épaules et sont payés une misère : 1000 idr/kg soit 0,06€. Même pour le niveau de vie indonésien, les revenus sont faibles.

mineur de soufre kawah ijen
Un mineur de soufre avec un panier chargé

Beaucoup d’entre eux se convertissent en guide lors de la saison touristique et ceux qui continuent le travail ingrat n’hésitent pas à demander quelques biscuits aux touristes… mais comment refuser.

De plus, les émanations de soufre sont toxiques et difficilement respirables. Nous autres touristes sommes équipés de masque à gaz mais eux se contentent de foulard en coton. Le simple fait de se retrouver dans les fumées provoque une toux immédiate et irrite les yeux. C’est insupportable ! Pas étonnant que leur espérance de vie ne dépasse pas 45 ans!

Le soufre de l’Ijen entre dans la composition de beaucoup de nos produits occidentaux : cosmétiques, médicaments, engrais, insecticides…

Arrivés tout en bas du cratère, on aperçoit les flammes bleues entre deux panaches de fumées. Même si c’est impressionnant, on est un peu déçus car les fumées nous cachent la vue et nous empêchent de prendre de belles photos. Des dizaines de touristes s’agglutinent et se disputent « THE » place aux premières loges pour avoir « LA » photo parfaite. Pendant ce temps, les mineurs extraient les blocs de soufre à la pioche et accumulent les kilos dans leurs bacs en osier. Deux mondes se croisent mais ne se mélangent pas : l’un de la surconsommation fait de touristes riches qui partent en vacances à l’autre bout du monde, l’autre de la survie fait de pères de familles qui ne pensent qu’à nourrir leurs enfants… Sentiment étrange.

Kawah ijen
Les touristes s’amassent devant les flammes
mineur de soufre kawah ijen
Un mineur en train de casser des blocs

Admirer le lever de soleil sur le Kawah Ijen

Du coup, on décide qu’on avait notre « dose ». On remonte jusqu’à la crête du cratère pour assister au lever de soleil sur le Kawah Ijen. À 5h du matin, on se rend compte de l’immensité du lac et de la beauté du paysage environnant. WOW ! On est sous le charme. Les couleurs sont sublimes.

lever de soleil kawah Ijen
Lever de soleil sur le Kawah Ijen

lever de soleil kawah Ijen

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Zoom sur les émanations de soufre au bord du lac acide

lever de soleil kawah Ijen

Dans le cratère, on distingue parfaitement les fumerolles et la couleur jaune caractéristique du soufre. On reste plus d’une heure sur place avant d’entamer la descente. On se rend d’ailleurs compte de jour de la difficulté de la randonnée ! Comme quoi, la psychologie fait vraiment beaucoup.

lever de soleil kawah Ijen

Nous retournons tranquillement dans notre homestay où un délicieux petit-déjeuner maison nous attend.

Hors des sentiers battus dans les environs de Banyuwangi

Comme nous avions le temps, nous ne voulions pas enchaîner notre lever de soleil matinal (3h du matin) du mont Bromo et celui de Kawah Ijen à minuit. Nous avons donc décidé de temporiser et de profiter de la veille pour visiter les plantations de café, d’hévéas et de girofliers. À cette occasion, Fryda nous a gracieusement prêté son propre scooter et c’est Antok, un ami à elle, professeur d’anglais dans la vie, qui a fait office de guide (gratuitement). Après nous avoir présenté les lieux d’intérêt de Banyuwangi, il nous a emmené dans le village Osing, un espèce d’éco-village reconstitué par le gouvernement indonésien à destination des touristes locaux pour faire vivre la communauté Osing et ses traditions. On a fait la connaissance de gens adorables et d’une petite mamie toute mignonne qui vantait les bienfaits fortifiants de son dentifrice végétal maison… On est restés dubitatifs… en effet, il ne lui restait que deux dents !

banyuwangi java
Flavien et Antok devant un temple taoïste

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Puis, Antok nous a fait visiter les plantations de café, d’hévéas et de girofliers avant de déguster un délicieux café Robusta. Une journée extra hors des sentiers battus.


Banyuwangi – Infos utiles

Où dormir à Banyuwangi ? Sans hésiter : Banana homestay ! Certes ce n’est pas le plus confortable, la salle de bain est partagée, l’eau est froide, la chambre est assez basique. Mais c’est le couple le plus adorable que nous ayons croisé de tout notre séjour indonésien. Le petit-déjeuner est fantastique et Fryda n’hésite pas à nous proposer du café, du thé et une pâtisserie maison même en pleine journée. Le tout pour 175 000 idr la nuit. De plus nous y avons croisé des gens très sympathiques dont Léa et Nico, un couple de suisses avec qui nous avons fait un bout de chemin quelques semaines plus tard.

Comment se rendre de Banyuwangi à Kuta (Bali) ?

Banyuwangi est le point de départ idéal pour se rendre à Bali. Deux options : soit on se rend au port et on prend le ferry (6 000 idr) puis un transport une fois arrivé à Bali, soit on prend un billet combiné incluant bus et ferry (100 000 idr).

Nous sommes à nouveau passé par notre homestay pour réserver un billet combiné depuis Banyuwangi jusqu’à Denpasar, incluant le ferry. Mauvaise pioche cette fois, nous n’avions plus de places assises pendant plus de 5h de trajet… et quand on se lève à minuit, autant dire que le trajet nous a paru interminable. De plus, le bus nous a laissé à 20km de Denpasar, dans une gare où des taxis attendaient avec impatience de pouvoir pratiquer leurs prix exorbitants au touriste occidental. On est repartis en transport local le plus au sud possible, avant de compléter le dernier bout de trajet en taxi négocié à 150 000 roupies.

L’autre solution consiste à réserver un chauffeur privé qui coutera beaucoup plus cher mais où tu auras sans doute moins de déconvenues.

Comment se rendre au Bromo depuis Kawah Ijen ?

Prendre le train depuis Banyuwangi jusqu’à Probolinggo, puis un van jusqu’à Cemoro Lawang, le village qui permet d’accéder au Bromo 😊

Demain matin, nous faisons la grasse mat’ jusqu’à 5h et nous rendons à pied à l’aéroport de Kuta pour prendre un vol jusqu’à l’île de Flores. Nous allons partir à la rencontre des dragons de Komodo !

 

 


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