Après la baie d’Halong, nous nous dirigeons vers Hanoi. Depuis Cat Ba, un bus nous y mènera en 4h. On arrive de nuit et déjà on sent la frénésie de cette ville bouillonnante et intense. Hanoi est notre dernière étape au Vietnam. Avec 8 millions d’habitants, elle est la deuxième ville la plus peuplée du Vietnam après Ho Chi Minh city. Les villes ne se ressemblent pas vraiment. Ho Chi Minh est jeune et un zeste plus occidentale tandis que Hanoi est plus ancienne et traditionnelle. Ceci s’explique par son passé historique très riche : 1000 ans de civilisation chinoise et un siècle de présence française ne s’effacent pas comme ça ! La ville est de ce fait une des villes d’Asie-du-Sud-Est les plus intéressantes à visiter.
Que faire et que voir à Hanoi ?
Une chose est sûre… on ne s’y ennuie pas ! Monuments, architecture, musées, vie locale, gastronomie, il y en a pour tous les goûts. Nous avons passé trois jours à visiter la capitale. Voici ce que nous avons retenu.
À l’ouest du centre historique
On a commencé par visiter le mausolée d’Ho Chi Minh (gratuit). Ce dernier souhaitait que ses cendres soient répandus dans des collines voisines… et puis, on a décidé que construire un mausolée carré, bétonné et de le momifier serait bien mieux… Oui, on peut donc aller voir la dépouille d’Ho Chi Minh. Celle-ci est observable avant 10h le matin excepté les lundis et vendredis… Tenue correcte exigée : épaules et genoux couverts. Nous, on est arrivé trop tard et parait-il qu’il vaut mieux être matinal car une file immense se forme. On s’est dit que revenir pour aller voir un macabé, aussi célèbre fut-il, ne valait pas forcément le coup, on s’est donc contenté de regarder la relève de la garde devant la mausolée avant de filer vers le nord.

On s’est arrêté au temple Quan Thanh (entrée : 10 000 vnd) petit mais charmant. Il date du XIIè siècle. Il ne vaut pas foncièrement le détour mais si on est dans les parages, autant y jeter un coup d’œil. Puis on a marché vers le nord en prenant le pont sur le lac de l’ouest. On y a d’ailleurs vu des pêcheurs attraper des tortues au lance-harpon (lance-pierre où la pierre est remplacée par un harpon) ! Curieuse de savoir pourquoi ils font ça, je leur pose la question. Mais comme ils ne comprenaient pas l’anglais, me voilà à essayer de parler petit nègre en imitant les questions. « This… for eat ? » ai-je demandé en faisant le geste. Voyant la réaction un peu brutale, j’ai malheureusement dû abandonner. Mais… j’ai eu ma réponse plus loin devant la pagode de Tran Quoc (gratuite). Ici, des dizaines de (bébés) tortues sont entassées dans des bassines d’eau… Devant ma curiosité, la dame me demande : « Buy for good luck ? ». En fait, les tortues, symbole de longévité, sont des animaux sacrés dans la tradition bouddhique. Les relâcher est censé assurer au libérateur une longue vie et améliorer son karma. Je comprends mieux le visage choqué du vietnamien quand je lui demandais s’il pêchait les tortues pour les manger…Oups ! (En même temps, ils mangent du chien, du chat, du rat, du serpent… c’était pas évident.) La pagode de Tran Quoc (gratuite) n’ouvre qu’à 13h.. nous voilà contraints de prendre une pause dej assez moyenne (on se rattrapera le soir…). La pagode est surtout sympa car elle se trouve sur une presque-île mais dedans, rien de folichon. Cependant, datant du VIè siècle, c’est la plus vieille de la ville et elle est l’objet d’une grande vénération populaire.

En sortant de la pagode, on a pris un taxi (plus pour éviter de marcher sous la chaleur qu’à cause de la distance) jusqu’au musée d’histoire militaire du Vietnam (entrée 40 000 vnd). Quelques expositions sont un peu répétitives avec le war museum d’Ho Chi Minh City mais on y voit des vestiges d’avions de guerre, de chars, d’hélicoptères. On y apprend aussi l’histoire de la défense du Vietnam et de la guerre contre les français et les américains. La tour du drapeau (gratuite) se trouve dans l’enceinte du musée. Du haut de ses 60m de haut, c’est presque l’unique vestige des fortifications à la Vauban de 1805.
A côté du musée, la citadelle de Hanoi (entrée 30 000 vnd), inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco, est le berceau de la ville. En 1010, l’empereur Ly Thai y installa sa cour. Elle couvrait à l’origine 50 ha mais les français ont pratiquement tout rasé, la nouvelle capitale impériale se trouvant à Hue à partir de 1802. Dommage, on a tellement adoré Hue, qu’on ose pas imaginer les merveilles qu’on aurait pu visiter. Il ne reste plus grand-chose à part le palais Kinh Thien (porte principale de la citadelle) et un musée sur l’occupation du palais par les forces vietnamiennes pendant la guerre contre les américains. À faire si tu as vraiment le temps.
Le temple de la littérature, un immanquable !
Entrée : 30 000 vnd. C’est le seul temple de Hanoi du Xième siècle à n’avoir pas trop subi de modifications. Le temple de la littérature était consacré au culte du Confucius et s’est transformé peu à peu en la première université du Vietnam. Les bâtiments répartis en cinq cours successives sont absolument magnifiques et les détails de décoration sont exceptionnels. Un petit coup de cœur !


Ne manque pas non plus la Hanoi Street Train, une rue très étroite où passent plusieurs trains par jour. On peut se balader le long de la voie ferrée, se poser dans un café pour savourer un délicieux egg coffee ou un Ca Phe Sua Da en attendant de voir le train passer. Mais il faut être patient ou bien se renseigner sur les horaires 😊 Bien sûr, reste vigilant pour avoir le temps de te mettre de côté si le train arrive (rassure-toi, c’est pas le TGV non plus !). Un endroit unique !

Au sud du centre historique
On a commencé par la prison de Hoa Lo (entrée : 30 000 vnd). Cette prison, aujourd’hui transformée en musée, a d’abord été construite par les français en 1896 pour y enfermer les rebelles lors de l’époque coloniale. D’ailleurs les conditions de détention sont assez proches des bagnes de Guyane. Puis à partir de 1954, ce sont les vietnamiens eux-mêmes qui l’utilisent pour y enfermer les pilotes américains. La visite est très intéressante. On parcourt les bâtiments restants (les autres ayant été rasés pour construire des bureaux) en apprenant l’histoire et les anecdotes des lieux et des prisonniers. John Mc Cain, l’ancien sénateur américain battu par Obama en 2008, y fut par exemple enfermé.
On s’est ensuite dirigé vers le musée d’Histoire (entrée : 40 000 vnd). Il se trouve dans l’ancien bâtiment colonial de l’Ecole française d’Extrême-Orient qui vaut le coup d’œil à lui tout seul. On y trouve une très belle collection d’objets historiques : statues, tambours, armes, objets rituels, sculptures et surtout de magnifiques meubles incrustés de motifs en nacre. Bon, on trouve quand même que l’entrée est un peu chère pour ce que c’est.

Non loin du musée se trouve l’opéra qui a été inspiré du palais Garnier. Ensuite, on s’est pris à rêver en demandant si on pouvait voir l’intérieur de l’hôtel Metropole. Datant de 1901, il a vu défiler un nombre important de personnalités et il a gardé tout son style d’époque.

Le centre historique
Impossible de visiter Hanoi sans passer par le lac Hoan Kiem. Tous les vietnamiens connaissent la légende de ce lac, une histoire d’épée restituée par une tortue : un combiné d’Excalibur et Nessie. Au XVè siècle, l’empereur Le Loi s’était vu confier par la tortue du lac une épée magique pour défendre le royaume contre les envahisseurs Ming. Pendant plus de 10 ans, les vietnamiens se sont battus à ses côtés parvenant à contenir les chinois. Mais un jour, alors qu’il se promenait à nouveau sur les bords du lac, la tortue réapparut, lui demanda de restituer l’épée et l’emmena dans les profondeurs. Une façon de signifier que tout a une fin. Les gens attendent de voir une tortue réapparaitre, synonyme de bonne nouvelle… Au milieu du lac se trouve l’îlot de la tortue qui rend hommage à l’animal.

Plus au nord du lac, on peut admirer le temple Ngoc Som avec son joli petit pont rouge. Ce lac est le rendez-vous des familles, des étudiants et des amoureux, c’est le centre de la vie locale. On y a d’ailleurs croisé des étudiants chargés par leur professeur de parler aux étrangers pour améliorer leur anglais. Communication un peu difficile car ils récitaient les questions apprises par cœur, ne comprenaient pas vraiment nos réponses et ne savaient eux-mêmes pas répondre à nos questions… Un peu le problème du pays.
A l’ouest du lac se trouve la cathédrale Saint-Joseph, pas vraiment bien conservée. Puis on s’enfonce dans le vieux quartier des 36 rues au nord du lac entre le fleuve et la citadelle. C’est un ensemble de rues denses qui contrastent avec les larges avenues du reste de la ville. Chaque rue était spécialisée dans un seul produit et en portent encore le nom : rue de la soie, rue du poisson grillé, rue des fleurs, etc… Aujourd’hui, il est difficile de s’en rendre compte car beaucoup se sont ouvertes à d’autres commerces. Si on arrive à faire fi des énormes enseignes colorés, des enchevêtrements de câbles électriques et des dizaines de scooters, on se rend compte que la plupart des bâtiments sont en fait de superbes bâtiments coloniaux. Mais ils ne bénéficient clairement pas de la maintenance nécessaire…



On a poussé jusqu’au nord pour voir le pont Long Bien accessibles aux scooters, piétons et… trains ! Puis on a fait un tour au marché Dong Xuan. A deux pas de là, on a observé des tortues trop bizarres au nez de cochon… comment dire, on a préféré celles du projet Tamar au Brésil et puis aussi… on est pas bien sûrs que celles-ci soient prévues d’être libérées… Elles vont plutôt finir en soupe. En tout cas, on se retrouve au cœur de la vie locale !





Faire sa demande de visa pour le Laos
Le Laos est notre prochaine étape après le Vietnam. On avait prévu à la base de passer par la frontière terrestre près de Dien Bien Phu. On peut très bien faire sa demande de visa au poste de frontière et elle est normalement systématiquement acceptée dans la foulée.
Mais il s’agit d’une des frontières les plus corrompues du monde. En clair, les agents de frontière demandent 2$ pour un tampon de sortie et d’entrée (en théorie gratuit) et inventent des consultations médicales obligatoires payantes. Que peut-on dire quand il n’y a que nous et eux et qu’ils vous menacent de ne pas vous laisser entrer ? On a voulu minimiser les risques de devoir lâcher trop d’argent en ayant déjà notre visa. Rien de plus simple si tu es à Hanoi, il suffit de te rendre à l’ambassade du Laos. Cela prend 3 jours et on paie 30$. Nous on a fait la demande de visa express pour l’avoir dans la journée. On est arrivé à 9h et on l’a récupéré à 14h. Cela nous a coûté 35$, le prix de la tranquillité.
Bon au final, le trajet à Dien Bien Phu puis dans le nord Laos nous a paru compliqué. On a donc pris un vol direct entre Hanoi et Luang Prabang. On aurait donc pu attendre l’arrivée à l’aéroport de Luang Prabang où les services d’immigration sont réglos.
Bilan : Hanoi est une cité qui a gardé son âme vietnamienne. On lui a peut-être préféré Ho Chi Minh City qui nous a paru moins anarchique. Mais à quoi bon choisir, les deux ont leurs spécificités. Entre musées, temples, marchés, on a pas eu le temps de s’ennuyer en trois jours.
Où dormir à Hanoi ?
Calypso Premier : un super petit hôtel non loin de street train à l’accueil très chaleureux. Les chambres sont grandes, propres et bien décorées et le petit dej est compris. Seul point négatif : la fenêtre de notre chambre donnait sur l’intérieur.
Où manger à Hanoi ?
On a eu un vrai coup de cœur pour le café All Day Coffee à côté de l’ambassade du Laos. C’est un poil plus cher qu’ailleurs mais qu’est-ce que c’est bon ! Je me suis délectée de spaghettis carbo et les cafés torréfiés sur place sont excellents. Mention spéciale au « egg coffee ».
Pour le reste, il existe de nombreux restos pour tous les goûts à des prix très raisonnables.