Nous voilà enfin sortis de l’infernale Jakarta ! Nous sommes arrivés en train de nuit à Yogyakarta ou Yogya (prononcer « Djodja »). Point de passage obligatoire pour visiter les temples de Borobudur et de Prambanan, Yogya est aussi le cœur traditionnel de l’île de Java. Même si elle n’offre que peu d’intérêt en soi, on peut facilement y rester plusieurs jours particulièrement pour visiter les temples d’anciens royaumes millénaires…
Les temples mythiques de Borobudur et Prambanan
C’est principalement pour eux que nous sommes venus jusqu’ici. Ils sont les traces des anciens royaumes de l’île de Java. L’un est bouddhique, l’autre est hindou, deux religions qui prédominaient avant l’arrivée de l’islam. La visite des deux est incontournable.
Lever de soleil sur Borobudur, le plus grand monument bouddhique du monde
Borobudur, ce nom magique et célèbre désigne un grand temple aux dimensions carrés parfaites de 123 m de côté et de 34 m de haut, construit entre le VIII et le IXème siècle durant le règne de la dynastie Syailendra. Il est construit sur trois niveaux : une base pyramidale comprenant cinq terrasses carrées concentriques, surmontée d’un tronc de cône (trois plate-formes circulaires) et couronnée d’un stupa monumental.
Lever de soleil sur Borobudur depuis l’étage des stupas creux
La division verticale du temple de Borobudur en base, corps et superstructure s’accorde parfaitement avec la conception de l’univers dans la cosmologie bouddhiste. Selon celle-ci, l’univers est divisé en trois sphères superposées, kamadhatu, la sphère des désirs dans laquelle nous sommes esclaves de nos désirs,rupadhatu, la sphère des formes dans laquelle nous abandonnons nos désirs mais restons assujettis au nom et à la forme et arupadhatu, la sphère du détachement des formes où il n’y a plus ni nom ni forme.
Tous les stupas creux contiennent un buddha
Dans le temple de Borobudur, le kamadhatu est représenté par la base, le rupadhatu par les cinq terrasses carrées dont les bas-reliefs totalisent pas moins de 5 km d’oeuvres d’art…Au-dessus de ces derniers, 300 (des 500 originaux) bouddhas veillent sur le temple. L’arupadhatu est représenté par les trois plates-formes circulaires qui possèdent un nombre impressionnant de stupas creux renfermant chacune un bouddha et le grand stupa.
Tout le temple invite à l’éveil spirituel pour atteindre le nirvana.
Une des terrasses carrées concentriques
5 km de sculptures se succèdent sur plusieurs terrasses
Les sculptures racontent l’histoire de boudda
Détail d’une sculpture
L’étage de la sphère des formes
Abandonné au XVème siècle, il a souffert des éléments naturels au point d’être sur le point de s’effondrer. Sous la direction de l’Unesco, il a été entièrement démonté, stabilisé et reconstruit dans la deuxième moitié du XXe s. Il est donc dans un état de conservation quasi-impeccable.
Borobudur côté estHop, on s’en va. C’est l’heure du petit-déj !
Comment se rendre à Borobudur ?
Bon tout ça c’est l’histoire, pour ce qui est du côté pratique, après avoir vu tant de belles photos du temple au lever de soleil, on a voulu nous aussi profiter de ce moment. Nous sommes partis de Yogya vers 4h du matin en transport organisé à 110 000 IDR /pers. Le plus facile est de se rendre dans le village de Borobudur la veille en transport public et de dormir dans le coin. Cela revient beaucoup moins cher et tu pourras te rendre à l’heure voulue sur le site.
Comment assister au lever de soleil à Borobudur ?
L’entrée normale du site coûte 350 000 idr (sauf si on prend le combiné à 600 000 IDR avec le temple de Prambanan). Mais le site n’ouvre ses portes au public qu’à 6h00 du matin. À cette heure-là, le soleil est déjà levé.
Un seul hôtel vend les billets « Borobudur Sunrise » : il s’agit du Manohara qui se situe dans l’enceinte du site. À savoir : le prix d’entrée pour assister au lever de soleil est BEAUCOUP plus élevé (475 000 IDR = 30€) que l’entrée classique à 350 000 idr (=22€). Bon pour le prix, on « t’offre » gracieusement un batik (imprimé de manière industrielle) et un buffet de petit-déjeuner dans l’hôtel. Il est bon et varié mais c’est un peu cher !
Le lever de soleil à Borobudur, ça vaut le coup ?
Monter sur le site avec la frontale et découvrir la beauté du monument sur lequel on se trouve. Oui c’est top. Voir le soleil grimper juste entre les volcans Merapi et Merbabu, c’est franchement sympa aussi. MAIS : le site est NOIR de monde. Oui, nous n’avons pas été les seuls à craquer notre porte-monnaie pensant avoir les plus belles photos et un peu plus de tranquillité. Que nenni messire !IMPOSSIBLE d’avoir une photo sans personne à moins de n’être pas vraiment respectueux des gens et de leur passer devant. Et en plus de cela, les couleurs n’étaient pas dingues, dingues.
DE PLUS : l’hôtel fixe une heure de petit-déjeuner donc on peut le rater mais à ce prix, personne ne le fait. Cela précipite un peu la visite du site.
CONCLUSION : nous pensons que le supplément ne vaut pas le coup. Le mieux, c’est d’arriver un peu après l’ouverture du site. On bénéficie tout de même d’une lumière matinale douce et le rush des « sunrisers » sera passé.
Visiter les temples hindous de Prambanan et profiter du coucher de soleil
Entrée : 350000 IDR (possibilité de combiner la visite avec Borobudur pour 600 000 IDR mais deux contraintes : ça doit être dans la même journée et impossible d’inclure un lever de soleil)
Pour s’y rendre : le plus facile et bon marché est d’utiliser l’application Grab (sorte de Uber local)
Situé à 17 km au nord-est de Yogya, il s’agit d’un grand complexe de temples hindous (contrairement à Borobudur qui est bouddhique).
Le temple hindou de Prambanan
Construit au Xe siècle, c’est le plus grand ensemble shivaïte d’Indonésie. Au milieu de la dernière des enceintes carrées concentriques s’élèvent les trois temples, décorés de reliefs illustrant l’épopée du Ramayana, dédiés aux trois grandes divinités hindouistes : Shiva, Vishnu et Brahma, et trois temples dédiés aux animaux qui servent de monture à ces dieux.
Détail des sculptures
On n’arrête pas d’être sollicité pour se faire prendre en photo par les locaux
Flav a du succès chez les petites filles
Le Candi Prambanan
Dans chacun des grands temples, arrête-toi au premier niveau et n’hésite pas en faire le tour. Nous, on a eu la chance d’avoir une visite guidée gratuite organisée par deux guides étudiant le français.
Dur de retenir toutes les histoires indoues!
Nos guides francophones
Plus au nord, le Candi Lumbung et le Candi Bulrah présentent peu d’intérêt. En revanche on a assisté au coucher de soleil sur le Candi Sewu, construit entre 780 et 810 avec, en toile de fond, le volcan Merapi. Et on était seuls. Tout simplement superbe.
Le Candi Sewu avec un aperçu sur le volcan Merapi en arrière-planOn assite au coucher de soleil sur le Candi Sewu
Quant au musée archéologique, on n’a pas eu le temps de le faire avant la fermeture !
Que faire à Yogyakarta ?
En lisant le Lonely planet, on nous la décrivait comme la plus jolie ville d’Indonésie… Autant dire qu’on en attendait beaucoup mais pour être honnête on a été un peu déçus.
Le Kraton ou palais du sultan
(Entrée : 15000 IDR)C’est l’endroit où vit toujours le sultan de Yogyakarta. Malgré l’évolution récente du pays, il est officiellement le chef de l’état de Java-centre et garde un statut hautement symbolique. En pratique, il est l’héritier des rois de Java. Le palais lui-même n’est pas du tout époustouflant contrairement à ce qu’on nous avait vendu dans les guides. Après être entrés par l’entrée nord (seul point d’accès), on tombe sur une première cour avec des pavillons très sobres. En poursuivant vers l’est, deux autre cours abritent des salles où sont exposés des objets de la vie courante (vaisselle, habits…) et autres cadeaux offerts par les chefs d’état internationaux.
Les gardes du Kraton en tenue batik traditionnelle
Tous les jours a lieu un spectacle ou une animation traditionnelle. Nous avons eu la chance de voir un spectacle de danse traditionnelle qui représentent l’histoire hindoue et qui est accompagnée du gamelan : l’orchestre traditionnel javanais composé uniquement de percussions.
Des danseurs javanais
Le gamelan : orchestre traditionnel de Java
Le palais lui-même se trouve dans une grande enceinte qui comprend d’autres habitations : une sorte de ville dans la ville.
Le water palace
(Entrée : 7500 IDR + droit appareil photo) C’est l’ancien bain du sultan (et de ses femmes et concubines). Il s’agit en fait de deux bassins agréables mais l’ensemble est principalement constitué de béton peint et, comme partout en Indonésie, c’est noir de monde…
Le water palace… l’intérêt est assez limité
Le musée Sonobudoyo
(Entrée : 10 000 IDR) Musée un peu varié présentant une collection de tout ce qui constitue la culture Javanaise (marionnettes, instruments, armes…).
Visiter une fabrique de batiks
Yogyakarta est le berceau des batiks : des tissus colorés dont la technique d’impression est inscrite au patrimoine mondiale par l’Unesco. On retrouve des tissus batiks dans d’autres parties d’Asie et en Afrique mais c’est en Indonésie, et particulièrement à Java, qu’il a connu le plus grand essor.
Des tissus batiks
Il serait donc dommage d’omettre de visiter un centre de batiks quand on visite Yogyakarta. Il y en a tellement, qu’il est difficile de s’y retrouver. Après avoir regardé quelques avis, nous avons visité la fabrique Winosotro, Tirtodipuran street. Les employés sont vraiment adorables et ils n’ont pas hésité à nous faire visiter la fabrique et à nous montrer soigneusement toutes les étapes d’impression des tissus.
Etape 1 : on recouvre les motifs avec de la cire
Etape 1 : Le travail est très minutieux et peut prendre plusieurs semaines pour un même tissu
Etape 1 : on peut déposer de la cire à la presse mais ils seront plus répétitifs
Etape 3 : une fois la cire sèche, on trempe le tissu dans des bains de teintures puis on le passe à l’eau chaude pour enlever la cire
Récapitulatif des étapes
Un tissu batik après teinture
La technique du batik
La technique du batik consiste à teindre le tissu, après avoir appliqué de la cire d’abeille chaude sur des motifs dessinés à la main (ou en utilisant des tampons préalablement enduits). Une fois trempée dans de l’eau chaude, la cire s’enlève du tissu révélant ainsi les motifs qu’elle a protégés. On peut renouveler l’opération jusqu’à 3 fois, en couvrant à chaque fois de cire les parties qu’on souhaite préserver. Tu ne trouveras donc pas de batik javanais contenant plus de trois couleurs. Le travail et le résultat sont plutôt bluffant. Et l’employée qui nous a fait la visite était heureuse de nous expliquer tout le processus. C’était super intéressant
À Winosotro, il est même possible de réserver un atelier de 2h pour créer son propre carré de batik et repartir avec pour seulement 50 000 IDR (soit 3,50€) !
Créer son propre bijou en argent dans le quartier de Kota Gede
Kota Gede est le faubourg historique d’artisans spécialisés dans le travail en argent.
En discutant avec Rosa et Marine du blog les tripteaseuses, j’apprends qu’elles ont réservé un atelier pour créer leur propre bijou en argent ! Moi qui aie toujours voulue avoir une bague en forme de vague (mais n’en ayant jamais trouvé une qui me convenait), je saute sur l’occasion.
Prête à en découdre!
On soude les deux parties
On lui donne la forme ronde
L’atelier
Résultat final
Pour 250 000 IDR (environ 16€), je dispose d’un cours en groupe de 2h chez Studio 76. Agusto est un indonésien super sympa et qui parle très bien français. Après avoir choisi mon modèle parmi plusieurs, il m’explique toutes les étapes de réalisation. Je commence par couper du fil d’argent, je le chauffe, l’égalise, lui donne une forme qui ressemble plutôt à une baleine type beluga. Insatisfaite, je recommence. Le deuxième essai est plus concluant. Quelques soudures par-ci, quelques coups de marteau par là et voilà ma bague qui se termine en 2h de travail. C’est exactement ce que je souhaitais. Je suis super contente !
Agusto, qui gère Studio 76: adorable, francophone et plein de bons conseils
Autres activités à proximité de Yogya
Ascension des volcans Merapi et Merbabu. On n’a pas pu monter sur le Merapi car il était fermé à cause d’éruptions régulières. Renseigne-toi car ça semble valoir le détour.
Infos utiles
Où dormir à Yogyakarta ?
Woodstone Hostel : Propre et proche du centre historique, le personnel y est sympathique et le petit déjeuner change tous les jours. Sdb commune mais propre. Une bonne adresse.
Où manger ?
Sate Bar : A 10 minutes à pied au sud-est de l’hôtel, petit bar sympathique avec live music et prix corrects.
2 réflexions sur “Yogyakarta, porte d’accès aux temples de Borobudur et Prambanan”