Le nord-ouest argentin est un territoire où la culture andine prédomine encore, où les hauts sommets enneigés se conjuguent avec des montagnes arides aux mille couleurs, des plaines couvertes de cactus ou des vallées verdoyantes. Cette région, traversée par le Tropique du Capricorne, s’étend depuis la frontière bolivienne au nord, jusqu’à la région des vins de Mendoza dans le sud.
Depuis le Chili, nous avons pris un bus de jour pour rejoindre la ville de Salta, située au cœur de la région Noroeste et première étape d’un long périple argentin. Pour parcourir plus facilement une partie de ce territoire fascinant, nous avons loué une voiture avec les parents de Flavien, qui nous ont rejoint à Salta et qui nous ont accompagné jusqu’à Noël (d’où notre longue absence de nouvelles, on est désolé. Mais il faut savoir profiter de ces moments en famille). Quels sont les endroits à ne pas manquer ? Découvre notre carnet de route ci-dessous pour le savoir !
Salta
Ce qui frappe dans un premier temps en venant du Chili, c’est la végétation abondante autour de la ville ! Salta est la ville principale de la région noroeste. C’est une ville de plus de 500 000 habitants mais elle reste agréable et à taille humaine. D’ailleurs, il parait que c’est une des plus jolies villes coloniales d’Argentine d’où le surnom de « la linda », la belle ! Nous, on la trouve sympa, même s’il n’y a pas énormément de choses à voir. Mais on ne peut pas en dire plus à ce stade, on attend d’avoir vu le reste.
Que faire à Salta ?
Les points d’intérêt se visitent très rapidement et se résument à la Plaza 9 de Julio, parée de hauts palmiers et entourée de jolis édifices avec arcades ainsi que d’agréables terrasses où boire le café.
Plaza 9 de julio
Plaza 9 de julio
Intérieur de la cathédrale
Catedral de Salta
Autour de la plaza, ne pas manquer la Catedral et le Museo de Arqueologia de Alta Montaña. Dans ce dernier, on en apprend sur l’histoire d’une expédition qui a permis d’exhumer, en 1999, 3 momies d’enfants qui ont été sacrifiés à l’époque inca. Les corps sont quasiment intacts car ils ont été découverts dans le cratère du volcan Llullaillaco à plus de 6 739 m d’altitude et donc congelé. Une seule momie à la fois est exposée mais elle était tellement bien conservée, qu’on avait l’impression de voir un enfant endormi habillé en inca. Un vrai voyage dans le temps !
Iglesia San Francisco
A une cuadra de la plaza principale, rends-toi à l’église San Francisco. Avec ses couleurs rouges et ocres, sa magnifique tour de 54m de haut et ses décors rococos, elle est l’un des emblèmes de la ville de Salta. Plus loin, sur la même rue, on peut aussi admirer la vieille façade du Convento San Bernardo.
Convento San Bernardo
Où manger à Salta ?
Bonne question ! On arrive enfin en Argentine et qui dit Argentine, dit viande énorme, juteuse et savoureuse à souhait ! En bons gourmets, on avait donc hâte de la goûter mais on est désolés de te dire que ce n’est pas à Salta que tu pourras tester les meilleures parrilladas (grillades). On te met cependant les restos que nous avons appréciés.
Autre point très important : pour tous les restos de viande, les quantités sont tellement énormes que tu peux largement commander une seule portion pour 2 personnes… Si tu es seul(e), bah va falloir faire de la place dans l’estomac 🙂
La Charrua : un resto de parrillada situé au centre de la ville. Prix moyens et grillades correctes.
Parrillada pour deux
Lasagne de légumes à Chirimoya
Risotto vegan à Chirimoya
La Chirimoya : un resto vegan ! Je préviens tout de suite, nous ne sommes pas végétariens et encore moins végans ! Mais après avoir été en manque de légumes depuis le début de notre voyage, ce resto est juste une tuerie. Tout est frais et goûteux à un prix plus que raisonnable. Coup de cœur pour les lasagnes de légumes. Le service par contre n’est pas très souriant.
El patio de las salteñas : sur Caseros, au croisement de la calle Catamarca et Caseros, voici un resto qui ne figure ni dans les guides, ni sur Tripadvisor. Et pourtant, ce sont les meilleures empanadas que nous avons mangées ! Ici, elles sont cuites au feu de bois devant tes yeux. Elles sont au fromage, à la viande de vache ou de poulet, à 20 pesos l’unité (0,50€). Aussi des empanadas potosinas avec une pâte plus épaisse, un peu plus sucrée et à la garniture plus juteuse. Notre préférée !
Heladeria Rosmari: un très bon glacier au croisement des calles Belgrano et Pueyrredon. Bon, ils sont pas fortiches pour les sorbets, trop sucrés à mon goût. En revanche, la dulce de leche español est à tomber !
Où dormir à Salta ?
Casa La Teresita : un rapport qualité-prix imbattable ! PS : demande une des chambres autour de la piscine pour être au calme. 21€ la nuit, petit-dej compris et à 3 cuadras de la Plaza 9 de Julio.
Le nord de Salta
Pour se rendre au nord, plusieurs routes, mais sache que la ruta 9 qui passe par la montagne est étroite et très sinueuse, mieux vaut ne pas avoir le mal des montagnes. Sinon, prendre l’autopista 9 jusqu’à General Güemes, puis la ruta 66 vers Jujuy. Plus long en distance mais plus court en temps !
Au nord de Salta, le paysage redevient plus aride après Jujuy. On découvre une Argentine encore baignée par la culture andine. On y croise des gauchos à cheval parlant le quechua devant des montagnes arides et magnifiquement colorées par l’érosion naturelle.
Pour parcourir le coin, nous avons choisi de dormir à Tilcara, petit village tranquille qui connait un essor touristique assez récent.
Quebrada de Humahuaca
En roulant depuis Tilcara vers la Bolivie, on passe par une vallée bordée par des montagnes rouges, jaunes, vertes peuplées de cactus et dont le lit du Rio Grande (encore asséché en ce mois de décembre) forme une oasis fertile. Cette vallée, ou Quebrada, a été déclarée Patrimoine Culturel et Naturel de l’Humanité : tant pour sa beauté que pour les différents villages qui abritent des vestiges précolombiens. Pour mieux apprécier sa beauté, prend la route le matin, le soleil étant à l’est, l’éclairage sera meilleur. Si tu le fais fin d’après-midi tu risques de ne rien voir !
Quebrada de Humahuaca
Purmamarca
Purmamarca se trouve sur la ruta 52 à 3km seulement de la route principale. On vient ici pour le cerro de siete colores (« colline aux 7 couleurs ») qui entoure le village et qui a lui aussi été inscrit Patrimoine mondial de l’Unesco. On a pas eu vraiment de chance avec la météo et pourtant, on a été subjugué par les couleurs. On peut faire le tour du cerro à pied sur 3km en promenade tranquille, ou en voiture pour les fainéants.
Cerro de 7 colores
Cerro de 7 colores
La Paleta del Pintor
Avant d’arriver à Tilcara, les montagnes de part et d’autre de la vallée sont si joliment colorées que la vallée a été renommé la « la palette du peintre ». Prévois de nombreux stops photo.
Père et fils dant la Quebrada
Paleta del Pintor
Tilcara
Garganta del diablo
Cette petite bourgade en retrait de la route principale est le point de départ de plusieurs excursions. La garganta del diablo (=gorges du diable) est la randonnée la plus facile depuis le village (8km en voiture, ou 4km à pied, par chemin plus direct mais ça monte!). On arrive au niveau d’un parking où il faut s’acquitter des droits d’entrée de 20$Ar par personne puis on descend au creux d’un canyon où l’on marche jusqu’à une cascade. Bon, rien de foufou en soit mais une balade sympa. Compter 1h aller/retour depuis le parking.
Pucara de Tilcara (entrée 100$Ar, gratuit le lundi)
Il s’agit d’une forteresse datant de l’époque précolombienne qui a été reconstituée avec soin et qui se hisse en hauteur sur un point stratégique. Elle offre une vue splendide sur les montagnes d’en face et permet de voir de près les dizaines de cactus géants dont le bois était utilisé pour les poutres des maisons. Les montagnes colorées en arrière fond ressortent mieux le matin.
Pucara de Tilcara
Vue depuis la Pucara dans la vallée
Les cactus ne poussent que d’un cm par an et peuvent atteindre 6 mètres de hauteur. Ce qui veut dire que les cactus que nous voyons aujourd’hui ont encore connu l’ère préhispanique ! C’est dingue, non ?
Uquía et la quebrada de las señoritas
A 30km au nord de Tilcara, on arrive au joli village de Uquía, point d’entrée vers le petit sentier qui mène à la quebrada de las señoritas. Elle n’est pas très impressionnante, ce sont surtout des concrétions rouges et ocres et on a l’impression de se retrouver au far-west !
Quebrada de las señoritas
Quebrada de las señoritas
En retournant au village, il était l’heure de se remplir la panse. On a suivi les conseils du Routard et on a atterri chez Olga au Cerro la Señorita où les plats sont goûteux – pour budgets moyens.
El Hornocal
C’est le clou du spectacle nord-argentin ! Depuis la ruta 9, il faut rentrer dans le village de Humahuaca et continuer sur une bonne piste de 25km (compter 1h de route) qui grimpe jusqu’à 4350 mètres d’altitude dans un paysage aride. El Hornocal, aussi appelé « cerro de los 14 colores » (colline des 14 couleurs), est une suite de crêtes striées aux reflets rouges, verts, bleus, jaunes… C’est sublimissime !
El Hornocal
Depuis le parking, on a déjà une belle vue mais on conseille vivement de descendre à pied jusqu’au point de vue. Attention le soleil tape fort et on ne le remarque pas quand le vent se lève. Prévoir coupe-vent, crème solaire et de l’eau ! Car oui, ça grimpe un peu pour remonter au parking. Les anciens peuvent en témoigner, ils ont un peu soufflé ! Gare au mal des montagnes.
El Hornocal
El Hornocal
El Hornocal
Le cerro donnant sur le côté sud-ouest, rends-toi y l’après-midi. Le matin, le soleil se trouve derrière la montagne et les couleurs se voient à contre-jour. Ce serait dommage de rater ça.
El Hornocal
Que faire d’autre dans le nord de Salta ?
Bien sûr, il existe de nombreuses autres attractions dans la région. On pourrait y consacrer 2 semaines pleines si on voulait tout faire. Nous avons fait l’impasse sur les salinas grandes car nous avions fait les salares d’Uyuni et d’Atacama juste avant. Les villages à proximité de la frontière bolivienne valent à priori eux aussi le détour.
Le sud de Salta
En repartant de Tilcara, nous avons repris la route en direction de Cachi, sur la ruta 40 et situé juste à l’entrée de la vallée Calchaquies.
Cachi
Petit coup de cœur pour ce village tout mignon et authentique. (Oui, ça fait déjà pas mal de coup de cœur mais le nord argentin est trop beau!) Il n’y a pas grand-chose mais c’est une étape tranquille avant de repartir le lendemain pour Cafayate. On y trouve quand même de quoi boire un coup et manger. Toutes les rues sont indiquées sur des bouts de bois de cactus.
Vallées Calchaquies
Il s’agit du nom que l’on donne à la piste qui mène de Salta à Cafayate, via Cachi, par la ruta 40.
La ruta 40 entre Cachi et Cafayate
Quel est l’état de la ruta 40 ?
La réponse : excellent, par temps sec ! Nous avons eu la chance d’avoir une météo parfaite. Certes, il s’agit d’une piste mais elle est vraiment en bon état. Tous types de voitures peuvent y passer. On roule plus lentement mais ça laisse le temps de voir les paysages.
Il faut compter 4-5h depuis Cachi en prenant vraiment son temps.
La ruta 40 longe le lit du rio Calchaqui qui était encore à sec lors de notre passage. On traverse des villages authentiques ou plutôt des ensembles de maisons de types andins. Le paysage est très aride, on se croit parfois dans un film de western.
Une hacienda sortie d’un film de western
Los Molinos
Pour faire une petite pause, on s’est arrêté dans le petit village de Los Molinos, légèrement en retrait de la ruta 40. Son nom provient des moulins encore en activité qui bordent le rio Calchaqui. L’intérêt d’y venir est surtout de boire un café dans la hacienda de Molinos, bâtiment historique reconverti en hôtel de charme et doté de magnifiques patios fleuris.
Michel, Sylvie et Steph dans le patio de la hacienda
La façade de la hacienda
L’église San Pedro de Nolasco juste en face est toute mignonne aussi. Une fois dedans, lève la tête et regarde le toit ! Tout est en bois de cactus.
Eglise San Pedro à Molinos
En se rapprochant de Cafayate, on commence à apercevoir des vignobles.
Bodega el Cese : en arrivant vers San Carmen, on trouve sur la gauche la bodega el Cese. On peut demander à visiter les caves et déguster du vin. Ils ont un petit vendange tardive (tardio) franchement pas mal.
Bodega El Cese
Finca el Carmen : quelques kilomètres à peine après la première. Elle a été fondée au XVIIIème siècle et possède même son église.
Finca El Carmen
Les cultures deviennent de plus en plus intenses au fur et à mesure qu’on se rapproche de l’oasis de Cafayate. A Cafayate même, pas grand-chose à voir. C’est une ville-étape avant de repartir vers Salta mais cette fois via la Quebrada de las Conchas.
Quebrada de las Conchas
Là aussi il s’agit d’une vallée aride mais on la parcourt via la ruta 68 qui est asphaltée. L’une des plus belles quebradas du pays qui s’étend sur une soixantaine de kilomètres. Là aussi, il faut compter une bonne demi-journée et privilégier un réveil matinal pour éviter de cuire à chaque fois qu’on sort de la voiture pour voir un site. Il y en a plus de 15 sur la route et sont bien annoncés avec des panneaux. On a adoré la garganta del diablo (pas la même qu’au-dessus !), le point de vue des Tres Cruces et les couleurs de la Yesera pour ne citer qu’eux.
El Anfiteatro, quebrada de las Conchas
Las Ventanas
Las Ventanas
La Yesera
Los Colorados
Los castillos
Mirador des tres crucesLas Ventanas
Des perroquets rencontrés sur le chemin
La quebrada est une base de nidification pour ces perroquets verts et bleus
On change ensuite de quebrada -et considérablement de paysage- pour remonter jusqu’à Salta sur une route moins impressionnante. Si tu as le temps, on conseille un petit détour vers le lac Dique del Corral pour une pause déjeuner suivi d’un petit plongeon dans le lac. Où faire ça ? L’hôtel-restaurant Las terrazas del lago offre une superbe vue sur le lac dont on déguste les « pejerreys »… des poissons blancs. Puis, on peut accéder au ponton du restaurant pour piquer une tête. J’y ai trempé mes pieds et la température était très bonne. Si tu as plus de temps, tu peux même y dormir mais il faut prévoir un budget un peu plus conséquent.
Lac Dique el Corral
Puis, nous avons continué la route tranquillement jusqu’à Salta.
En combien de temps parcourir le Noroeste argentin ?
Nous avons pris 5 jours pour parcourir tous les sites décrits ci-dessus. Voici le détail de notre parcours :
2 jours dans le nord de Salta avec 2 nuits à Tilcara, 1 jour de trajet du nord de Salta au sud de Salta, 2 jours dans le sud de Salta avec une nuit à Cafayate
Jour 1 : Garganta del Diablo, Pucara de Tilcara, Cerro de 7 colores
Jour 2 : Quebrada de las señoritas, Uquia, el Hornocal
Jour 3 : trajet Tilcara-Cachi, nuit à Cachi
Jour 4 : trajet Cachi-Cafayate, site : valles Calchaquies
Jour 5 : trajet Cafayate-Salta, site : quebrada de las conchas
Itinéraire de notre road-trip dans le noroeste argentin
Une réflexion sur “Une semaine de road-trip dans le Nord-Ouest argentin”