La route des Yungas ou route Stremnaya est plus communément connue sous le nom de la « route de la mort ». Reliant La Paz à Coroico, longue de 69 km, une moyenne de 300 morts par an, soit un véhicule toute les deux semaines, voilà la route la plus dangereuse du monde ! Et nous l’avons emprunté ! Alors prêt à défier la grande faucheuse ?

Bon après une si belle introduction, rappelle toi qu’on est pas suicidaire. Jamais il ne nous serait venu à l’idée d’emprunter cette route en bus, d’ailleurs ce n’est plus possible. Il faut savoir que depuis quelques années une nouvelle route, large et sécuritaire a été mise en service pour contourner ce passage mortel. Du coup de nombreuses agences en ont profité pour proposer la descente du chemin de la mort en VTT de montagne. La route est tellement étroite que sur certains passage on se demande comment les camions ou les bus pouvaient passer (en fait on comprend mieux pourquoi autant sont tombés). En revanche en vélo on a largement la place ! D’où notre décision de l’emprunter !
Quelle agence choisir ?
Il y en a toute une ribambelle à La Paz et les tarifs évoluent du simple au triple. Qu’est-ce qui justifie de tels écarts de prix ? La réponse est simple : le choix du vélo, les services associés et la qualité de l’encadrement.
Après avoir jeté un coup d’oeil sur tripadvisor et fait le tour des agences pré-sélectionnées, nous optons pour l’agence Altitude Biking. Et voici les raisons :
1 – Le choix du vélo : il existe des VTT à 1 ou 2 suspensions, à freins mécaniques ou hydrauliques. La route est caillouteuse et 2 suspensions ne sont pas du luxe. Ca tombe bien ! Altitude Biking ne propose que des vélos à double suspensions : un « normal » à 380Bs (offre spécial Halloween), un « spécial » à 670Bs. Nous choisissons donc celui à 380 qui nous semble très bien. D’autres agences bien moins cotées proposent un vélo simple suspension à ce tarif !
2 – Les services associés : Les guides se chargent de prendre les photos et l’agence te les envoie par lien Dropbox 2 jours après l’excursion. D’autres agences te donnent un cd. Pas très pratique à l’ère 2.0. Pour notre part, on ne s’est pas embêté à prendre téléphone ou appareil photo… Un van te suit tout au long du parcours. Tu peux laisser toutes tes affaires dedans et même retourner dans le van si tu ne sens pas la descente.
3 – La qualité de l’encadrement : il y a 1 guide pour 6 personnes, étant 13, nous avions 3 guides pour nous encadrer. 1 à l’avant, 1 à l’arrière, 1 qui prenait les photos. Nous avions également genouillères, coudières, casque fermé et combinaison imperméable. Certaines agences te fournissent par exemple un casque qui couvre le haut du crâne mais pas le visage… Quelques morts sont à déplorer chaque année, souvent dans des accidents stupides (selfies en roulant par exemple). Sois prudent et ne lésine pas sur la qualité de l’encadrement !
3500m de dénivelé, 66km de pure descente
Le bus vient nous chercher à notre hôtel à 7h30. Nous montons à la Cumbre à 4 700 m, point de départ théorique de notre descente à vélo. C’était sans compter la météo. Arrivés à destination, il neige, il y a de la brume. Le guide prend la décision de nous déposer 10 km plus bas. Après un petit déjeuner rapide, on nous remet notre matériel et on commence la descente. Nous avons une vingtaine de km de bitume pour appréhender nos montures avant le véritable début du camino de la muerte.

Une fois les 20 km avalés, nous reprenons rapidement le van pour nous économiser la montée puis nous voilà arrivés au début de la fameuse route. Le temps s’est dégagé et nous pouvons observer que nous longeons une falaise de 200 à 500m de profondeur. C’est merveilleux !

Nous voilà partis pour 2h30 de descente sur une piste caillouteuse jusqu’à 1200m d’altitude. La météo se gâte à nouveau, la brume revient et nous prive de la superbe vue sur la vallée.

Malgré tout elle s’éclaircit par moment et nous profitons de ces rares instants de répit. Plusieurs pauses snacks sont effectuées pour reprendre des forces et c’est reparti. Chacun descend à son rythme, le guide ne met jamais la pression et chacun en profite à sa manière. C’est génial !


On voit de nombreuses croix sur la route et on imagine que sur cette piste -parfois tellement étroite que même notre van n’a pas beaucoup de marge- passait autrefois des camions et des bus… dans les deux sens. Les croisements posaient problèmes obligeant les uns et les autres à manœuvrer dans des mouchoirs de poche. On comprend mieux pourquoi autant de véhicules sont tombés au fond du ravin, entre 200 et 500m plus bas. Peu de chance de survie !
Le gouvernement bolivien a ensuite rendu la route à sens unique sur certains créneaux (devant le fort taux de mortalité) avant d’en créer une nouvelle. (Il était temps!)
Nous arrivons au village de Yolosa vers 13h, le groupe est entier, tant mieux. Une petite cérémonie de remise des T-shirt « survivor » est l’occasion pour notre guide de raconter l’histoire de cette route.

Une partie de la route a été construite par les prisonniers de guerre paraguayens durant la guerre du Chaco, dans les années 30. Les conditions de vie (ou d’exploitation) étaient tellement dures que nombre d’entre eux y ont laissé la vie. La légende veut que les paraguayens auraient juré que pour chaque vie perdue pendant la construction de cette route, une centaine de vies boliviennes seraient prises. Ce qui expliquerait tous ces accidents. L’occasion pour notre guide de nous raconter quelques anecdotes sur certains touristes. Pour la plupart avec une fin heureuse…
Nous rembarquons dans le van qui nous dépose dans un hôtel où un bon buffet nous attend. Le temps de prendre une douche et le groupe repart pour La Paz. Etant sur la route de l’Amazonie, nous demandons au chauffeur de nous déposer à Yolosita où nous attendons le bus que nous avons réservé pour Rurrenabaque.
La météo n’était pas des plus belles mais nous gardons un excellent souvenir de cette formidable descente.
2 réflexions sur “Survivre à la route de la mort en Bolivie”