La dure vie dans les mines de Potosi

Après 3h de route depuis Sucre et 20Bs/pers nous arrivons à Potosi. Quelques édifices et belles demeurent témoignent de la richesse passée de la ville… mais on en fait vite le tour. Le principal intérêt de venir jusqu’ici est la très controversée visite des mines de Potosi.

La ville

Les principaux vestiges coloniaux de la ville sont situés autour de la Plaza 10 de Noviembre et les rues avoisinantes. La rue piétonne est reposante mais nécessiterait un petit coup de jeune. Pour les passionnés de vieilles pierres, de nombreuses églises aux façades intéressantes.

Ce qu’on a préféré, c’est la Casa Nacional de la Moneda (40Bs). Très intéressant musée de la monnaie où tout le processus de fabrication des pièces est expliqué au travers des siècles. On y apprend notamment que le symbole $ est originaire de Potosi. On y apprend également qu’aujourd’hui, la Bolivie ne produit plus sa monnaie. Les pièces de 5 sont produites au Canada, les autres au Chili et les billets… en France !

Casa de la Moneda
Casa de la Moneda

Faut-il aller visiter les mines ?

Le sujet a longtemps fait débat entre nous. Nous étions longtemps partagé entre le fait, non pas d’aller jouer le mineur, mais de constater une dure réalité de notre monde et la peur de contribuer à un tourisme peu respectueux, de type zoo humain.

J’ai finalement insisté pour y aller car, pour moi, ne pas visiter ce site c’était fermer les yeux sur une réalité de notre monde. C’était, à mon sens, hypocrite. Après tout, pour que certains puissent jouir de bijoux ou autres ressources à moindre prix, il faut que certaines personnes se tuent (littéralement) à la tâche pour en extraire les matières premières et si possible à moindre coût ! C’est ça la dure réalité de notre monde ! Steph, plus réticente, a finalement décidé de me suivre.

Voici ce que l’on en a pensé, peut-être que ça t’aidera à prendre, toi aussi, ta décision.

Choisir la bonne agence

Comme dit en introduction, la principale raison de venir jusqu’ici, c’est la visite du Cerro Rico (colline riche), montagne de 4 782m dominant Potosi, et de ses mines. Mais des mines il y en a plus de 600 ! Autant que d’agences en ville qui proposent l’excursion. Disons le franchement, certaines sont dangereuses. Il faut savoir que la montagne est plus trouée qu’un gruyère. On y compte plusieurs centaines de kilomètres de galeries dont certaines, profondes de 500m. A tel point qu’un grand projet de consolidation a été mis en place en 2015 pour éviter que la montagne (qui avait déjà perdu 400m) ne s’effondre. 50 000t de sable, de roche et de béton a été coulé dans d’anciennes galeries pour consolider la montagne et des restrictions d’exploitation ont été mises en place.

Outre cette instabilité, il faut savoir que la plupart des mines ne sont pas sécurisées. Les conditions et lois de travail sont loin des européennes. On a rencontré de nombreux voyageurs qui avaient dû faire de l’équilibrisme sur une planche mouillée au-dessus de plusieurs mètres de vide. Certaines mines utilisent encore un système de rails et de charriots, plus ou moins entretenus. Sache que les mineurs sont payés en fonction de la quantité et de la qualité du minerai extrait. Il leur faut donc aller vite. Et il n’est pas rare qu’un charriot rempli (pesant environ 1 t)  aille trop vite et écrase, partiellement ou entièrement, un touriste trop lent à dégager le rail. Les déraillements sont aussi fréquents… dommage si tu te trouves au mauvais endroit au mauvais moment.

Dans certaines mines, la température peut monter jusqu’à 45°C et avec le manque d’oxygène, certains touristes tournent de l’œil. Enfin la dureté de la roche ne permet pas tout le temps de creuser de belles galeries. Il est donc quasiment inévitable que quelque soit la mine visitée, tu doives tôt ou tard te mettre à quatre pattes ou ramper… te voilà prévenu !

Nous avons décidé de partir avec l’agence Big Deal. Certes deux fois plus chère que les autres (150Bs/pers) mais nous n’avons pas regretté notre choix. Numéro un sur Tripadvisor, notre guide Wilson est un ancien mineur. Non seulement il connait parfaitement le métier et les mineurs mais en plus il veille à ce qu’on ne les dérange pas, que la visite se fasse dans le plus grand respect et il nous a emmené dans une mine sûre. Pas de rails, pas de wagon, pas (trop) de passages étroits ou dangereux, pas de températures harassantes. Bref, on recommande.

La visite

Départ de l’agence à 8h30. Nous sommes 4 touristes et le guide. On monte dans un petit 4×4 qui nous emmène au marché des mineurs. Wilson profite du trajet pour nous expliquer le fonctionnement des coopératives et les possibilités de progression. Une fois arrivés au marché, nous y trouvons dynamite, mèche, détonateurs, casque, gants, feuille de coca, boisson… tout ce dont un mineur a besoin pour sa journée. Wilson nous apprend que les mineurs ne mangent pas le midi. Ils prennent un gros repas le matin, ils tournent à la feuille de coca toute la journée pour se donner du courage, ne pas ressentir les effets de la faim et pour savoir quand prendre leur pause (après 4h le goût de la coca s’estompe dans la bouche) et un gros repas le soir.

Wilson avec les "cadeaux" aux mineurs
Wilson avec les « cadeaux » aux mineurs

Il est de coutume d’offrir quelques cadeaux pour aider les mineurs. Certains trouvent que c’est comme donner des cacahuètes aux animaux au zoo. On a pas eu cette impression. Sachant que beaucoup d’entre eux travaillent sans protection avec des produits toxiques (l’espérance de vie d’un mineur est de 48 ans) nous avons pris des gants, une boisson et quelques feuilles de coca. Les mineurs nous ont remercié et si ça peu les soulager un peu…

Nous nous arrêtons ensuite dans une sorte de vestiaire où l’on nous remet notre matériel de protection. Sur-pantalon, sur-veste, masque, casque et lampe qui nous seront bien utiles. Et nous voilà repartis.

Nous commençons par la visite d’une entreprise d’extraction du minerai. La roche y est broyée, puis mélangée à de l’eau et à des produits chimiques pour séparer les métaux (étain, zinc, argent…) du gravat.

Raffinerie de zinc
Raffinerie de zinc

La mélasse obtenue (composée de métaux et de produits chimiques) est ensuite stocké dehors en attendant qu’elle soit transportée dans les pays disposant des technologies suffisantes pour séparer les-dits métaux du reste. Bien sûr aucun système de purification de l’eau ou de traitement des déchets. Tous les produits nocifs retournent dans l’environnement et infiltrent les sols…

Après un stop pour admirer la ville depuis les hauteurs, nous voici arrivés à l’entrée de la mine. Nous croisons rapidement des mineurs aux brouettes bien remplies. Nous observons que certains comptent le nombre de brouettes à l’aide de petits cailloux. Quelques mètres après l’entrée un petit autel est dressé avec le dieu de la mine.

L'entrée de la mine
L’entrée de la mine
Le dieu de la mine
Le dieu de la mine

Pour nous il a plus des allures de diable mais après tout on est sous terre. Nous constatons de nombreuses offrandes autour de cette effigie. Wilson nous expliquera au retour que la chose la plus importante pour un mineur, c’est la chance. Il faut donc faire des offrandes à ce dieu pour qu’il te soit favorable et t’aide à trouver un bon filon… et comme le métier est dangereux, qu’il te protège. Plus le cadeau est bon et pur, plus il y a de chance que ça fonctionne. Ainsi le vendredi, dernier jour travaillé, de nombreux mineurs boivent (à outrance) de l’alcool à 96% et en offrent un peu au dieu. Question pureté on est pas mal ! Wilson nous fait goûter et c’est moins fort qu’on ne pense. Néanmoins une bouteille d’un litre suffirait à nous cuire tous les 5.

Nous marcherons environ 2h dans les différentes galeries de la mine. Nous croiserons ici des mineurs creusant des trous au marteau-piqueur pour y insérer de la dynamite, la quantité de poussière qui se dégage est impressionnante… et nocive ! Nous croisons un oncle et son neveu travaillant en famille, un solitaire… Wilson s’assure que nos « cadeaux » aillent à ceux qui en ont le plus besoin. Après avoir fait le tour de quelques galeries, parfois à quatre pattes, Wilson nous ramène sur le premier site du marteau-piqueur. N’entendant plus de bruit, il se doute qu’ils ne vont pas tarder à utiliser la dynamite. Il nous place à une distance de sécurité et nous entendons les explosions. Nous sentons l’onde de choc, la roche autour de nous vibre, c’est impressionnant. Nous nous rapprochons des mineurs, assis par terre, le regard lourd et fatigué. Ils attendent que la poussière se dissipe pour retourner au travail. Wilson nous fait reprendre le chemin de la sortie avant que la poussière n’arrive jusqu’ici et nous encrasse les poumons. Les mineurs, eux, resteront à profiter de la pause qu’il leur reste.

Nous sortons de la mine et rentrons dans nos auberges respectives. Il est une chose de savoir que ça existe, mais c’en est une autre de voir les conditions difficiles dans lesquels ces personnes travaillent. Espérance de vie limitée, labeur difficile… Même s’ils sont payés 3 à 4 fois plus cher que le salaire moyen on se demande si c’est vraiment une vie. Mais cette activité est l’une des rares de la région alors que faire d’autre ?

Comme nous disait Wilson : « je suis mineur avant d’être guide, s’il n’y a plus de touristes je retournerai travailler dans la mine ». Le tourisme, en pleine expansion, offre une autre voie à ces personnes.

Néanmoins, cette visite soulève une question plus générale. A en vouloir toujours plus, moins cher, nous contribuons tous fortement à la précarité de certaines populations. Ça fait réfléchir car l’idée même d’une société de consommation est aberrante quand on sait que nos ressources sont limitées…


Où dormir ?

Peu de choix à tarif raisonnable. On a dormi à La Casona Potosi mais on ne te le recommandera pas. Chambre étroites, mal équipées, sdb commune avec le plafond cloqué qui te tombe dessus et petit déj pas terrible… tu trouveras sans doute mieux que nous !

Où manger ?

On a très bien mangé au Potocchi. Les plats y sont bons et à tarifs raisonnables. Les soupes délicieuses. Un menu le midi comprend entrée et plat pour 25Bs. Seul défaut, les quantités sont un peu justes.

Evite de prendre des dessert ou du sucré au café de la Plata, c’est vraiment pas terrible. Question boisson on ne peut pas te répondre mais il semble que ça soit correct. C’est dommage, le cadre est sympa !

 

 


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