Après Puerto Natales nous prenons le bus pour Punta Arenas (compter 3h et 8 000 CLP).
La ville ne possède pas grand charme mais comme toujours, on vient ici pour ses alentours. En l’occurrence, pour observer les manchots de Magellan sur l’île Magdalena où une colonie de plusieurs centaines d’individus est installée depuis des années. Pour nous, ça représentait une bonne alternative à la péninsule Valdés, située sur la côte Atlantique de la Patagonie argentine, idéale pour l’observation de la faune marine.
Punta Arenas se site là en-bas!
Mais tout ça c’était sur le papier en ignorant un élément important… le calendrier des escales de bateaux croisière. Ces géants des mers débarquent à Punta Arenas tous les deux jours en été, et avec la même intention que nous. Deux bateaux de 2500 et 1500 personnes avaient débarqué la veille et avaient réservé toutes les places disponibles pour cette excursion. On a quand même fait le tour des différentes agences pour tenter de dégoter les dernières places mais c’était peine perdue. En effet, tout le planning des escales est connu des mois à l’avance et les agences réservent bien entendu leurs places pour elles. Sauf qu’on avait prévu qu’un seul jour sur place. On est donc venu ici pour rien ! Dommage, car un jour supplémentaire à Ushuaia, l’étape suivante, n’aurait pas été de trop.
Cette info ne figure bien entendu dans aucun guide et l’office du tourisme est d’une très mauvaise aide. On l’avait mauvaise. On nous a proposé d’aller observer des manchots empereurs sur l’île de la Terre de Feu mais grosso modo, on aurait fait 10h de bus pour 1h d’observation. On a préféré garder cet argent pour faire une belle excursion à Ushuaia…
Que faire à Punta Arenas (sans les manchots) ?
Déjà qu’on se trouve ici, autant essayer de s’occuper avec ce qu’il y a ! Le centre ville concentre quelques bâtiments intéressant autour de la plaza de Armas (très venteuse), dont le palais Sara Braun, le palais du gouvernement et la cathédrale. Un peu plus loin le Palacio Braun Mendez vaut également le coup d’œil mais on fait vite le tour de la ville. Tu peux pousser la visite jusqu’au détroit de Magellan mais c’est plus pour la symbolique que pour le point de vue.
Le palacio Sara Braun à l’architecture haussmannienne
Palacio Mendez
Détroit de Magellan
Plaza de Armas
Les deux points d’intérêt majeurs, à nos yeux, sont le Musée de Nao Victoria et celui del Recuerdo.
Musée Nao victoria
Entrée : 4 000 CLP
Un peu excentré à 7 km au nord de la ville, rue Juan Williams. Le plus simple et le plus rapide pour y aller est de prendre un taxi (environ 3 500 CLP).
Le Nao Victoria
Ce musée a été crée par un charpentier de marine passionné qui a reconstruit, à l’échelle, le Nao Victoria, une des caravelles de l’expédition Magellan. Premier navire à avoir effectué le tour du monde entre 1519 et 1522. Si la reproduction du bateau ne pourrait certainement pas prendre l’eau en l’état vu le manque de finitions de la coque, elle permet d’imaginer les conditions de traversée de son équipage à l’époque. On y apprend entre autres que, lors de sa deuxième expédition, Charles Darwin était de l’aventure et que ses différentes observations l’ont conduit à avancer sa théorie de l’évolution.
Des armures de l’époque sont disponibles gratuitement
Et ça pèse 1 tonne!
Tracé de l’expédition Magellan de 1519-1522
La poupe du Nao Victoria
La poupe du Nao Victoria
L’intérieur du Nao
Outre ce navire, 3 autres sont reconstruits (ou en cours de reconstruction), dont le HMS Beagle et le James Caird. Ce dernier est un petit canot de sauvetage récupéré in extremis par l’équipage de l’Endurance après s’être échoué en Antarctique.
Le HMS Beagle devant le détroit de Magellan
L’incroyable histoire de l’expédition Endurance
Ernest Shackleton, un explorateur britannique voulait partir à la conquête de l’Antarctique en traversant le continent depuis la mer de Weddell jusqu’à la mer de Ross en passant par le pôle Sud. Le nom officiel de l’expédition était Imperial Trans-Antarctic Expedition. Voici l’annonce qui a été publiée en 1914 pour recruter les membres de l’équipage : « Recherche hommes pour voyage périlleux. Bas salaire. Froid glacial. Longs mois de totale obscurité. Danger permanent. Retour non garanti. Honneur et reconnaissance en cas de succès. » Alors, partant ?
Le canot James Caird
Le départ a lieu le 9 août 1914 depuis Plymouth en Angleterre. A partir de janvier 1915, l’Endurance se retrouve prisonniers des glaces de l’Antarctique. D’abord confiants sur la fonte de la glace, Shackleton et ses hommes restent sur le navire bloqué qui dérive doucement jusqu’en octobre 1915 soit 9 mois après ! Shackleton ordonne de quitter le navire qui se fait transpercer par la glace. 1 mois plus tard, il sombre dans l’océan.
À partir de cette date, les 28 membres d’équipage se retrouvent sur la banquise et ils y resteront 5 mois se nourrissant des maigres provisions, de phoques, de manchots et subissant des températures allant jusqu’à −45 °C. En avril 1916, la rupture de la banquise menace leur campement. Celle-ci ouvre en même temps une nouvelle voie maritime et l’équipage décide de naviguer dans l’océan Atlantique sur le canot de sauvetage James Caird vers Elephant island où ils arrivent 7 jours plus tard.
L’île de l’Elephant est particulièrement inhospitalière et éloignée de toute route maritime. Shackleton décide de tenter le tout pour le tout et de rejoindre la Géorgie du Sud, à 1500 km de là, avec ses meilleurs membres d’équipage. Après avoir amélioré le James Caird, et traversé l’océan – où une déviation de route d’un seul degré leur ferait louper leur objectif- l’équipe réduite accoste en Géorgie deux semaines plus tard en mai 1916.
L’histoire finit bien et en août 1916, Shackleton retourne sur l’île de l’Elephant pour sauver le reste de l’équipage après deux ans de péripéties. Quand on voit la frêle embarcation dans laquelle ils ont tenté le tout pour le tout, on ne peut être qu’admiratif devant tant de courage (ou de folie ?), de leadership et de dévouement envers son équipage ! Une très belle histoire !
En repartant du musée Nao, je décide de tenter ma chance au stop pour rejoindre le second musée. La première voiture s’arrête et nous y dépose rapidement ! C’est incroyable comme les gens sont sympathiques dans ce pays !
Museo del Recuerdo
Entrée : 2 500 CLP
Petit éco-musée dont on fait rapidement le tour. Il y concentre une petite dizaine d’habitations reflétant la vie des premiers colons dans ces régions reculées à la météo capricieuse. Nombreuses boutiques et corps de métiers représentés avec les outils, ustensiles et équipements de l’époque. Quelques charrues et matériels agricoles (à bœufs ou à vapeur) sont exposés dans le jardin. Il y a même 3 vieilles voitures chez le « garagiste » (dont une vieille Peugeot !). Pas indispensable mais intéressant !
Une habitation traditionnelle de Patagonie
En repartant nous prenons le premier bus se dirigeant vers le centre (320 CLP), bien moins cher que le taxi certes, mais à condition de ne pas être pressé.
Infos utiles
Où dormir à Punta Arenas ?
Samarce House : Petite adresse sympathique et bon marché, propre et calme, proche du centre. Petit déjeuner simple.
Où manger ?
La cuisine : le meilleur restaurant depuis le début de notre tour du monde!! Détenu par un français où quelques spécialités françaises sont déclinées… mais on est pas venus pour ça. Le chef a le don de travailler des produits locaux à la française. C’est délicieux. Goûtez aux lasagnes de centolla (crabe royal de Patagonie), le Guanaco sauce Grand Veneur (lama sauvage), le poisson, les crèmes brulées au calafate (myrtille de Patagonie) et au dulce de leche… Bref, on a a-do-ré !
Agneau de Patagonie
Trilogie de crèmes brûlées
Lasagne de centolla
La cerveza Austral
Taberna Club de la Union/Shackleton bar : c’est le même endroit. On y a juste bu un coup mais l’endroit vaut le détour. Situé au sous-sol du Palacio Sara Braun, on se croirait dans un navire à la déco hyper cosy.
Le coin du globe où se situe Punta Arenas, dans le détroit de Magellan
2 réflexions sur “Punta Arenas, gare aux bateaux de croisière”